Marché bio de Villeneuve-sur-Lot - Ferme de Videau

La fève du samedi soir

Du 29 avril au 19 mai 2019

Depuis le dernier épisode, le calendrier s’est emballé. À cause du rythme de travail au jardin, votre serviteur n’a pu suivre la cadence imposée par ce blog. Cependant, nous avons consciencieusement tenu notre carnet de bord quotidien et rien de ce qui s’est produit ces trois dernières semaines ne vous sera épargné, dussé-je pratiquer le style télégraphique.

À minuit, les nuisibles

En filigrane de ce nouveau chapitre de la vie à la ferme, il faut se figurer la régularité des attaques menées contre les occupants du tunnel n°4, celui des concombres et melons, dévorés les uns après les autres. Renseignements pris auprès de nos voisins et sur Internet, nous avons tenté diverses parades: les piments séchés déplairaient aux mulots, la cendre repousserait les limaces, le tourteau de ricin éloignerait la larve du taupin, une boîte de conserve enterrée piégerait les courtilières… Phosphate de fer, appâts et tapettes à souris complétèrent l’arsenal. J’effectuais même une ronde à la lueur de la lampe torche sur les coups de minuit. Mais à défaut d’identifier un seul de ces nuisibles, je les rencontrais tous! Car chaque espèce mordit à l’hameçon, tôt ou tard. Les attaques diminuèrent, puis reprirent avec la plantation d’une nouvelle série de melons à l’emplacement de la défunte série précédente. On renouvelait et multipliait les pièges et, se demandant quelle divinité nous avions pu à ce point froisser, on croisait les doigts.

Dalle béton - Ferme de Videau
Ça change un peu du jardin

Pause travaux

Côté bébêtes, encore, on recevait la visite d’un expert en insecte xylophages. L’isolation en laine de bois à l’étage allait recevoir un parement en plaque de plâtre mais d’inquiétants bruits de mastication ayant rendu notre sommeil léger, nous avions besoin d’être éclairés sur la nécessité de traiter la charpente contre cet autre type de sauvagine avant les travaux qui rendraient l’opération impossible. Diagnostic: pas de danger véritable pour la «résistance mécanique» du bois, mais une infestation de vrillettes et capricornes bien réelle, à laquelle on nous conseilla de remédier en badigeonnant la partie visible des poutres, pannes et autres chevrons. L’isolation pouvait donc rester en place, ouf! Le même jour, on reformait avec blondinette notre équipe de choc dédiée aux travaux de maçonnerie, en guise de pause dans ceux du jardin. Dans la matinée, on coulait une modeste mais épaisse dalle béton, sur laquelle reposeraient 4 cuves de récupération d’eau de pluie.

Larrons en foire

La semaine précédente, une acheteuse de mes bottes de radis devant le golf de Tombebœuf m’avait appris que se tiendrait une foire aux plantes et un vide-grenier dans la même commune, et me conseillait de m’y greffer. Il fallût confectionner une enseigne de fortune, améliorer mon étal, et surtout me procurer quelques légumes supplémentaires car mes propres récoltes tardaient encore! Comme de coutume, le voisin Garonnais me sauva en me permettant de disposer de ses magnifiques carottes, et je retournais chez Sandie et Damien pour quelques poireaux et oignons. Nous nous trouvions donc fort occupés, à préparer cet événement pour le week-end en plus d’un autre événement annoncé: la venue de mes cousins et leurs compagnes respectives depuis leur lointaine contrée, lesquels animèrent ces deux jours passés ensemble, dispensant la bonne chère, bien sûr, et me rendant visite le dimanche à mon étal de Tombebœuf, où je distribuais peu de flyers annonçant ma présence au golf tous les samedis, mais où je vendais tout mon stock.

Motoculteur Goldoni - Ferme de Videau
Un nouvel outil pour la plantation des patates

Du purin pour rien

Les cousins repartis, le week-end fini, on confiait le fourgon et son pneu crevé au garage du coin. Ce bahut constituait évidemment le nerf de la guerre et devait rester opérationnel en toute circonstance. Cantonné au jardin, j’en profitais pour suivre le planning: plantation de pommes de terre, tant espérée mais contrariée par la pluie. Les plants de patate avaient donc eu tout loisir de germer à la maison. Plantation d’oignons de conservation, plus quelques oignons de Trébons qu’un couple de maraîchers de Fongrave m’avait procuré mais dont les graines avaient extrêmement mal levé. Début de la taille et du palissage des tomates, et des haricots à rames sur des tuteurs en bambou. L’amie Sandie me confiait gracieusement un bidon de son impeccable purin d’ortie que je pulvérisais peu après, dilué à 10%, sur la plupart des cultures en engrais foliaire.

Aboule la friche

On arrosait, on débroussaillait. Je décidais de la destruction du mélange vesce-avoine semé à l’automne 2018 et dont l’impressionnant volume cachait presque le puits devant la maison. Laëtitia se chargea de piétiner à l’aide d’une planche toute cette biomasse. Je pariais sur un quadruple bénéfice: fixation dans le sol de l’azote de l’air grâce à la vesce; étouffement des autres espèces (ortie, potentille et autres «mauvaises herbes»); travail du sol grâce aux racines nombreuses de l’avoine; paillage du sol après destruction. Manière de ne pas laisser en friche cet emplacement qui deviendrait un jour jardin d’aromatiques. Il y eu d’autres plantations à l’extérieur avec Laëtitia, car si la météo n’était pas toujours épatante l’hiver était définitivement un lointain souvenir: courges sur bâche tissée et tomates (plus quelques godétias roses, tagètes, cosmos et phacélie) avec un paillage inespéré offert par le fauchage au gyrobroyeur du voisin Yves dans notre pré de luzerne envahi d’indésirables.

Destruction d'engrais vert - Ferme de Videau
L’engrais vert piétiné sans merci

Néons ruraux

On traversait un pic d’activité au jardin, et ce besoin en main d’œuvre pesait sur les projets de Laëtitia. En dehors de quelques massages et des tâches quotidiennes, elle avait un mal fou à se ménager du temps pour accomplir ses démarches de relance auprès des entreprises, gîtes et événements bien-être… Pour moi aussi, difficile aussi de troquer les habits de jardinier contre une tenue de ville. Je m’échappais quand même pour Port-Sainte-Marie où j’investissais dans du matériel de marché et de récolte digne de ce nom: tables en aluminium, sachets, étiquettes, paniers et brouette de récolte. Je réalisais un petit boulot de graphisme. Le week-end du 11 mai, nous nous rendîmes à Poitiers pour les 60 ans de belle-maman, l’occasion de nous extraire de ce remuant quotidien pour un chaleureux sommet familial d’une vaisselle d’exception, d’un gâteau inoubliable et d’un soleil opportun, au moins pour le café. La journée s’acheva par une sortie au bowling, grand moment d’exotisme sous les néons pour les ruraux que nous sommes devenus.

Pneus bio

Et puis, ça redémarrait sur les chapeaux de roue. Celles du fourgon, dont le pneu crevé mais réparé se révéla être toujours aussi crevé, renvoyant l’engin au garage car se profilait un double événement d’importance: la première récolte de fèves, en vue du premier jour de marché à Villeneuve-sur-Lot! De l’épais buisson de légumineuses, je tirais environ 35kg de gousses, seule production du moment que j’exhibais cependant fièrement sous la halle du marché bio de notre sous-préfecture, et dont je vendais près des trois-quarts. Au retour, j’étais contraint de mettre la roue de secours, car le pneu crevé, réparé deux fois, était à nouveau plat. On allait devoir investir dans la gomme, ce qui n’arrangeait pas notre budget. Laëtitia s’en fut à Toulouse pour la troisième partie de sa formation énergétique pendant qu’un entrepreneur taillait à coup de pelleteuse un nouveau chemin dans le jardin, et dans notre budget qui s’arrangeait encore moins. Je semais des haricots, j’en binais d’autres, je réparais le réseau de goutte-à-goutte, et palissais le houblon et les concombres.

La fève au village

Le samedi suivant sur le parking du golf de Tombebœuf, faute de salades qui étaient encore trop petites mais avec en plus quelques bottes de radis tous frais, je m’enflammais en retentant le coup des fèves. Avec beaucoup moins de succès. La rencontre avec les locaux s’avérait plus difficile qu’avec les Villeneuvois, en tous cas sur le bord de la route. Car le soir venu à la fête de Coulx, première de l’année dans une longue liste d’animations de village, notre intégration ne faisait plus aucun doute, tant nous croisâmes des visages connus et fîmes table commune avec de nombreux amis. C’était un bienvenu chahut de circonstance, une bonne fièvre du samedi soir, qui me fait donc, encore une fois, boucler cette chronique et ses déboires par un moment de bonheur et de convivialité. Le Sud-Ouest, ça vous dit quelque chose?

Botte de radis bio - Ferme de Videau

Plantades et étalages

Du 15 au 28 avril 2019

Si on se flatte ici régulièrement d’accomplir des progrès, c’est pour les garder en mémoire. Mais on aurait tort d’occulter les accidents de parcours. Souvent, on s’étale. Et ces deux dernières semaines ont été riches en plantades. À commencer par la situation préoccupante des melons et courgettes, plantés sous tunnels de culture selon une méthode éprouvée, apprise chez mes précédents employeurs: un bon arrosage au départ, puis le goutte-à-goutte ensuite. Hélas, la teneur élevée en argile de nos coteaux du Lot-et-Garonne est une difficulté que nous avons déjà approuvée par le passé et que seule la longue expérience de plusieurs saisons de maraîchage et ses déboires pourra permettre de surmonter. En l’occurrence, il eut été judicieux de surveiller la motte de terreau entourant le jeune plant qui ne cessa de se dessécher faute d’un arrosage ciblé. J’empoignais le tuyau d’arrosage avec une douchette au bout, et tentait de sauver ce qui pouvait l’être en mouillant régulièrement chaque plant. Finalement, je remplaçais près de la moitié des courgettes rabougries par de nouveaux plants issus de pépinière.

De la graine aux pépins

J’étais plus fataliste devant le spectacle d’un bon tiers de melons décapités, que l’anti-limace ne suffisait pas à protéger d’une attaque d’envergure. Je constatais les dégâts, la boule au ventre. Il fallait pourtant garder la tête froide devant les pépins, et se projeter dans l’avenir en songeant déjà aux prochaines plantations. Nouveau semis de laitue, car le précédent avait un peu trop séjourné dans l’entrée de la maison et les plantules avaient filé, c’est à dire que la tige s’étant allongée à la recherche de lumière, ces salades n’avaient plus une seule chance de se développer normalement. Hélas, je flinguais aussi ce nouveau semis en l’oubliant sous son plastique de protection, qu’en temps normal on retire au soleil pour éviter la surchauffe. Un semis de courges, effectué en famille, ne tint pas non plus ses promesses. L’amplitude entre le jour et la nuit (encore fraîche en avril, même sous abri) avait été encaissée de manière inégale. Vingt sur vingt pour le potimarron Green Hokkaido, mais zéro pointé pour la courge spaghetti. Peut-être un problème de germination? Le semencier, conciliant, promit de me renvoyer des graines gratuitement. Quoiqu’il en soit, je souhaitais vivement la réalisation d’une serre à semis digne de ce nom.

Poivrons bio sous abri - Ferme de Videau
Poivrons, petits mais pros

Semis pros

On réussissait tout de même une belle série dans ce mois d’avril riche en événements horticoles: plantation de poivrons et de courgettes sous abri, installation de ficelles pour le palissage des tomates dont les première fleurs pointaient. Semis de haricots verts «mécaniques» Calypso et gros blancs de Soissons, comme un pro. Plantation de blettes. J’empruntais son semoir Ebra à l’ami Damien de Coulx (producteur de semence pour le Biau Germe) mais c’est finalement à la main que je composais des lignes de radis, en guise de paillage, au milieu d’une plantation de laitues. Je comptais renouveler l’expérience tous les 15 jours, manière d’échelonner un arrivage frais de l’un et de l’autre légume. Le même Damien nous rendit visite et commenta fort savamment les dernières évolutions. On devisa engrais vert, on relativisa la situation de la luzerne pas si moche, et l’effrayant sorgho d’Alep s’avéra être… une repousse de vieux blé. Je me targuais d’avoir presque fini d’installer l’irrigation à l’extérieur. Planches de courges et d’oignons étaient prêtes à recevoir leurs locataires. Enfin, j’avais hérité de plants de piments d’Espelette par mon voisin, mais les habaneros (bien plus forts) commandés en pépinière tardaient toujours à cause d’un premier semis raté. Pas ma faute, cette fois!

Fan des musclés

Suite à une deuxième session d’une formation de pratique énergétique à Toulouse (dont elle me ramena une balance et un parasol de marché d’occaze), Laëtitia dut à nouveau découcher pour une dantesque opération bien-être à la ferme de Lou Cornal, collectif de paysans éleveurs. Soumis à rude épreuve par de nombreux vélages et un quotidien harassant, les organismes de cette troupe nombreuse furent soulagés par la présence rémunérée, en plus du gîte et du couvert, de la masseuse. Spécialiste des musclés et fan de charcuterie, Laëtitia goûta fort bien la bonne ambiance, mais revint en piteux état: s’employer à évacuer la tension de 11 personnes (en deux jours) n’est pas un travail de tout repos. Je m’employais moi-même à réaliser le coffrage d’une future dalle béton sous les cuves de récupération d’eau (attention, près d’1 tonne au mètre carré), avec l’aide de notre voisine Mag et sa scie circulaire pour la coupe des planches. Je vaquais à mes occupations au jardin. Seul aux commandes, je ne lambinais pas. Mais si blondinette m’avait laissé tomber comme une vieille asperge, je ne manquais pas de fêter nos retrouvailles avec un dessert aux fraises de chez le voisin Garonnais, après un risotto… aux pointes d’asperges.

Producteur local légumes bio - Ferme de Videau
Premier client pour les radis (photo S. Robinson)

À coup de bottes de radis

Le lendemain, Laëtitia honorait un massage prévu de longue date chez Sandie, et cette dernière me rappela que le nécessaire éclaircissage des radis semence qui était leur lot pouvait me permettre de constituer quelques belles bottes. Je passais un coup de fil au golf de Tombebœuf où je voulais installer mon étalage, prenais quelques dispositions, et fonçais faire ma toute première récolte de radis bio. Une fois le butin réuni, on me reçut à la table familiale des propriétaires, et dans cette chaleureuse ambiance paysanne je dégustais ce qui me parut être le meilleur confit de canard de toute mon existence. Le jour suivant, je posais fièrement au regard des automobilistes, moins pour écouler mon stock que pour mener une opération de com’. Malgré la faible fréquentation, soutenu par les proprios du golf, je remettais le couvert le samedi suivant avec quelques poireaux en plus, issus de chez Sandie et Damien. Qui sait lequel, du flashy des panneaux à la bombe estampillés «producteur local», ou de la pitié inspirée par mon parasol solitaire sous une pluie battante, produisit le plus d’effet? Les clients, un peu plus nombreux que la fois précédente, déboulèrent de nulle part et entendirent à coup sûr le message: on pourrait compter sur moi cette saison, et pas qu’avec des bottes de radis.

Dans le gaz, con!

Pour finir, nous retiendrons ce presque fait divers qui toucha le voisin Yves, quand un boîtier électrique prit feu sous les yeux de ses enfants, heureusement présents ce jour-là pour rénover l’isolant dans des combles habituellement inoccupés. Un miracle, en quelque sorte. Moins chanceux, ce blaireau retrouvé raide sur le bord de la route, que j’eus le bizarre réflexe de charger dans le fourgon avant de lui offrir une sépulture dans un coin du jardin, creusant pour l’occasion un trou bien plus grand que ceux habituellement nécessaires aux cadavres de taupes et de loirs laissés par les chats. Ainsi s’écrit la dure loi de la campagne, qui scelle la vie des bêtes en un claquement de griffe ou de pare-choc. Plus gai, la visite de Marie-Anne depuis Toulouse nous donna l’occasion de faire encore découvrir notre domaine, d’être plus nombreux à la table bien garnie de nos voisins, et de participer à l’opération «De ferme en ferme» avec une halte dégustation à la brasserie Natural Mystik et le vignoble de la famille Bielle à Bazens. Toujours la dure loi de la campagne, qui résout généralement une fin de semaine dans le gaz en un claquement de convivialité gasconne.

Semis de laitue - Ferme de Videau

On paye en nature

Du 1er au 14 avril 2019

C’est le printemps! Les bourgeons s’ouvrent, les insectes bourdonnent, le soleil réchauffe la couenne. Les jours s’allongent et les tâches se bousculent dans l’agenda. Le calendrier est impitoyable, nous avons du pain sur la planche. Mais le hasard fait bien les choses: après le départ des beaux-parents, débarquèrent alors deux WWOOFeurs. Eux-même suivis par deux autres beaux-parents. Et les beaux-parents, c’est pas moche, car c’est utile. Il en faudrait plus. Mais ça nous faisait déjà pas mal de main d’œuvre, qu’il n’est pas si facile d’employer à bon escient. Vous verrez que nous relevâmes brillamment ce défi.

Un WWOOF de soulagement

Présentons nos valeureux WWOOFfeurs cyclistes, Delphine et Lambert, dont la traversée du continent américain à vélo depuis le mois de septembre 2017 méritait à ce point un blog qu’ils eurent justement cette idée: raconter leur périple. Habitués à soulager leur hôtes en échangeant la force de leurs bras contre gîte et couvert, ils allèrent aux champs comme les auvergnats vont au saucisson. Nous les embauchâmes au saut de la selle, pour ainsi dire, car le beau temps nous était compté avant la pluie annoncée. Nous installâmes des asperseurs à l’extérieur, nous épandîmes de nombreuses brouettes de fumier fraîchement livré à domicile à l’emplacement des futures plantations, notamment les pommes de terre. Enfin, on faucha l’engrais vert (à la faux), qu’on broya (à la tondeuse), qu’on incorpora (au motoculteur) et qu’on couvrit d’une toile hors-sol pré-percée pour la plantation des courges en mai. Le voisin Yves vint gentiment passer le girobroyeur dans les grandes largeurs un jardin, lequel commençait à ressembler à une friche. Ouf, il pouvait pleuvoir.

La pluie, ça rouille

Et en effet, il plut. Nous attendions quelques gouttes, et nous nous étions dépêchés d’installer une ligne d’asperseurs supplémentaire pour copieusement mouiller l’engrais vert broyé. Mais les averses se succédèrent et le pluviomètre monta presque à 20mm. Qu’à cela ne tienne: la main d’œuvre c’est comme les outils, ça rouille si on ne s’en sert pas. Je sonnais l’ouverture de la chasse au sorgho d’Alep, une invasive à la sinistre réputation dont je voyais les chaumes proliférer au milieu de notre semis raté de luzerne. Puis je chargeais mes parents de rassembler en tas, de façon stratégique, les restes de taille d’arbustes qui seraient autant de refuges à insectes. À Tonneins, j’achetais une sauge originale (Wendy’s Wish), une oxalis à fleurs jaune et une plante grasse pour maman dont c’était l’anniversaire, et ramenait aussi une centaine de choux pointus, aussitôt plantés sous abri. Laëtitia restait au chaud pour démarcher des entreprises avec son massage Amma assis.

Épandage de fumier - Ferme de Videau
Cycliste s’essayant à la brouette

Le lendemain, elle se rendit à Toulouse pour assister à une formation de pratique énergétique. De mon côté, je faisais la navette entre deux infographies (site web du Golf de Tombebœuf et flyer pour toilettage canin, puisque vous voulez tout savoir) et les tunnels de culture où j’avais prévu d’installer des fils de fer, supports pour le palissage des tomates et concombres. Les beaux-parents rebouchaient la tranchée destinée aux bambous et canisses, mais sans barrière anti-rhyzome, donc creusée pour rien, sinon par amour du sport. Un gros rouleau de scotch plus tard, Delphine et Lambert raccommodaient aussi les petits accidents survenus dans les tunnels. Ah, ces deux-là allaient nous manquer. Pas seulement en leur qualité de forçats providentiels, mais aussi en tant que colocataires énergiques, de convives cultivés et d’amateurs de cuisine (Lambert fait tous les jours le pain d’un levain qui a traversé l’Amérique).

Grains du père, graines du Pérou

Nos deux cyclistes envolés pour le marais Poitevin, restait à occuper les beaux-parents avec, pour commencer, une nouvelle salve de plantations. Historique, la salve: les premières tomates sous serre de la ferme de Videau! Et une nouvelle série de melons. On semait aussi des courges, encore d’autres melons, des piments aji ramenés du Pérou, et des haricots verts Calypso en pleine terre. Le week-end, on profitait du soleil pour billonner un grand chêne que le voisin Pépito avait dégagé d’un chemin communal et laissé là à mon intention. Je tronçonnais, les parents chargeaient la remorque. On suait à grosses gouttes. Après ça, on se remettait de nos émotions en ouvrant une bouteille de grains du Luberon ramenée par mon père. Y avait de la soupe d’ortie dans l’assiette, et de la tisane d’ortie pour les plantes, en pulvérisation du soir.

Tomates sous serre - Ferme de Videau
Nos premières tomates sous serre

Laëtitia pratiquait ses trois massages hebdo sans forcer. Un nouvel événement allait peut-être lui permettre de gonfler son activité: une  «bourse aux dépliants» organisée à Lauzun lui donnait l’occasion de se présenter à de nombreux professionnels du tourisme. C’était chic et mondain, en tous cas davantage que le traitement contre la pyrale du buis, en bottes et gants latex, qu’il fallut effectuer à son retour. Ainsi va le récit d’une reconversion faite d’allers-retours entre deux ambiances, du projet d’entreprise, ses démarches administratives et son vernis commercial, aux contingences les plus campagnardes, récit auquel nous ajoutâmes un chapitre en répondant, entre deux passages de motoculteur, à une interview pour France Inter au téléphone, et en guidant la correspondante locale de la Dépêche du Midi (en espadrilles, mais qui en avait vu d’autres) au milieu des hautes herbes pour une session photo.

Je reçus la visite de mon contrôleur Ecocert, lequel ne vit pas d’objections au fait de me délivrer un certificat pour ma deuxième année de conversion en agriculture biologique, et me félicita pour le fichier Excel dans lequel je planifiais mon calendrier de culture, reflet excessivement rectiligne d’une réalité beaucoup plus aléatoire, dans laquelle les actions sur le terrain précèdent parfois leur inscription au programme, et où les imprévus sont légion.

Le retour du charpentier

La deuxième semaine s’acheva par une demi bonne nouvelle, celle du retour du charpentier, venu réparer les bévues du chantier de la grange, bâclé des mois auparavant, alors que nous envisagions des poursuites. Fidèle à lui-même, il abandonna à nouveau l’intervention à mi-course, mais son échafaudage laissé sur place nous permettait d’espérer. Les travaux des champs ne cessèrent pas, ils ne le feraient d’ailleurs pas avant longtemps: préparation des planches de culture, débroussaillage (avec une machine Honda flambant neuve), pose de paillages synthétiques et de filets anti-insectes. Les asperges donnaient plus que jamais, mais la première vraie botte alla illico à mon voisin Éric, qui avait l’immense mérite d’avoir révisé comme un pro mon antédiluvien motoculteur, et qui acceptait d’être payé en nature. Ce jour des asperges vertes serait à marquer d’une pierre blanche: c’était bien la première fois que je réglais mes dettes en légumes!

Microphone et flore: on est passés sur France Inter

Ici à la ferme, on écoute beaucoup la radio. Mais cette fois, nous sommes passés de l’autre côté du poste, quand Pierre a répondu à une interview pour l’émission Carnets de campagne animée par Philippe Bertrand sur France Inter. En déplacement dans le Lot-et-Garonne, l’émission nous a fait l’honneur et le plaisir d’ouvrir le micro à notre micro-ferme. Il a donc été question de notre départ de la grande ville, de l’excellent accueil qui nous a été donné ici à Villebramar, et de nos ambitions agricoles et touristiques. Vous verrez, c’est pas des paroles en l’air!

À réécouter ci-dessous.

Plantation aubergines - Ferme de Videau

Planter en beauté

Du 18 au 31 mars 2019

Une semaine historique, avec le début de la grande valse des plantations à la ferme de Videau. Nous avons mis en terre, sous tunnel, les premiers plants de courgettes, d’aubergines et de melons, commandés au début de l’hiver à différentes pépinières. Pour les courgettes, un démarrage poussif: arrosage insuffisant, soleil torride pour la saison ont fait se ratatiner les premières feuilles. Rien n’est perdu, mais ces bébés-là ont un peu souffert, on ne m’y reprendra plus. Melons et aubergines, au contraire, ont été correctement choyés et se portent comme un charme, merci pour eux. Hélas, la plantation des choux pointus, tomates et poivrons a été différée à une date ultérieure: malgré un mois de février carrément estival, les plants restaient un peu chétifs en pépinière. Ça sentait le travail mal fait, mais tant pis. Je rectifiais mon calendrier.

Du coup, je trouvais le temps de planter, dans mon bac en bois de récup’, les quelques arbustes donnés par un oncle: groseillier, myrtillier, cerisier et fuschia. On installait du goutte à goutte sous les tunnels, et de la bâche tissée. Puis je semais des laitues. Après tout, l’avoir fait pour les oignons et les fleurs ne m’avait pas trop compliqué la vie. J’avais récupéré quantité de plaques de semis chez le voisin Garonnais, j’avais des tunnels tous neufs et plusieurs centaines de mètres de voile d’hivernage en prévision des nuits fraîches. Du coup, revenant sur ma décision de semer plus tard en pleine terre (on parle de semis direct), ou de confier les opérations à une pépiniériste, je commandais rapidement des semences de courges et de melons et obtenais par un voisin des graines de piment aji péruvien dont j’élèverais moi-même le plant dans du terreau jusqu’à la plantation en mai.

Pire, je décidais de planter des pommes de terre! Je trouvais quelques plants bio dans une coopérative de Marmande, et commandais le reste chez Payzons ferme. Comme il me fallait un outil digne de ce nom pour cultiver les tubercules, je cassais à nouveau la tirelire du financement participatif pour des butteurs et une arracheuse de pomme de terres compatible avec le motoculteur. La voisine Huguette, après les plants de tomates de l’année précédente, me confia des cardons. Mais pour les mettre où? Et la consoude? Et les autres plantes, données par Bernadette, une autre voisine? Et quid de la haie occultante de bambous et canisses entre la maison et le futur gîte? Là, je creusais une longue tranchée de 60cm de profondeur, prévoyais une barrière anti-rhyzome qui ne soit pas en plastique, mais renonçais à recycler des tôles ondulées, qui ne feraient que se dégrader dans le sol. La tranchée, comme la question de cette haie et de tout le reste, restait finalement ouverte.

Paillage des poivrons en famille

En fin de première semaine arrivèrent les parents de Laëtitia, et automatiquement une foule de possibilités impliquant de la main d’œuvre se présenta à nous! Les talents de beau-papa s’exprimèrent dans diverses améliorations: mécanisme et joints de porte-fenêtre, entretien de tondeuse, meubles de cuisine. Toute la famille fût impliquée dans le paillage des futurs poivrons et le déménagement du matériel agricole depuis la grange jusqu’au hangar bâché, suivi d’une collecte de grande échelle à destination de la déchetterie, eut enfin lieu. Au jardin, la place était nette pour un passage de girobroyeur par notre papy national, le voisin Yves. La luzerne avait de la concurrence, parmi laquelle le redoutable sorgho d’Alep. La tonte commença autour des tunnels et on y voyait d’un coup plus clair, la toute dernière livraison de fumier bien en évidence.

Heureusement pour le bon déroulement de ce programme, Laëtitia se contenta de deux séances de garde d’enfants, et ne tournait qu’à un modeste rythme de 3 massages par semaine. Ça pouvait changer rapidement, avec la publication d’un entrefilet sur sa petite entreprise dans la Dépêche du Midi. Côté revenus, on se rassurait vraiment avec le premier acompte pour la réalisation en cours du site web du golf voisin, et un devis accepté pour un autre site web, celui d’un lycée parisien. Dans les tuyaux, j’avais encore deux illustrations (mais pas d’inspiration) et un flyer pour la voisine Mag et son toilettage canin. Et côté copinage, on se rendait à la Maison Forte, dont une équipe remaniée présentait ses projets pour 2019. De sérieux espoirs pour de grandes choses, suivis d’un apéro dînatoire impeccablement chaleureux, comme d’habitude.

Tulipe d'Agen à Villebramar - Ferme de Videau
Rarissime tulipe d’Agen

Je tentais de relayer sur Facebook un événement tout à fait local: comme chaque printemps, l’éclosion d’une espèce rare, la tulipe d’Agen, s’observe presque exclusivement dans un verger de Villebramar, derrière la ferme de Videau. Samedi matin, on découvrait d’abord des trucs pendant la rando commentée par Florent du CEN Aquitaine: ail et géranium sauvages, cardamine aux fleurs comestibles, renoncules et muscaris… puis un en-cas sorti du sac, augmenté de deux plaques de pizza subventionnées par la mairie, le vin et les grillades de l’ami Michel. L’après midi, conférence autour de la tulipe, et visite du verger proprement dit. Nous comptions bien faire grossir l’événement, en y ajoutant une visite de notre ferme dès l’année suivante. Les parents de Laëtitia levèrent le camp, et furent aussitôt remplacé par Delphine et Lambert, cyclotouristes et wwoofeurs revenus d’une traversée du continent américain. Là encore, une foule de possibilités impliquant de la main d’œuvre, etc.

Super-Bine Pascal Targy - Ferme de Videau

En sol bineur

Du 4 au 17 mars 2019

Autant l’avouer tout de suite: notre cadence de publication a un poil ralenti. Désormais, c’est toutes les deux semaines que sera publié le compte-rendu de la vie à la Ferme de Videau, ses drames et ses merveilles. Deux semaines, ça fait plus d’événements à se remettre en tête et à résumer avec le risque de commettre un pavé indigeste, mais c’est un rythme plus supportable pour celui qui écrit, quand il démarre en parallèle sa première saison de maraîchage. Je vous assure, ça n’a rien d’une mauvaise excuse. Ces jours-ci ont vraiment été riches en événements. Il va falloir suivre, car c’est une toute autre mélodie.

Compostage obligatoire

Première semaine, nous partagions toujours notre ancien relais de chasse avec Stella, Clément et leurs trois enfants. Lesquels n’osèrent pas profiter totalement de leurs vacances en venant prêter main forte aux derniers préparatifs d’aménagement des tunnels de culture: on désherba, on pailla, j’épandais à la brouette le fumier de bovin plus ou moins composté ramené par Garonnais depuis une ferme voisine, ainsi qu’une dose non réglementaire de cendre de bois (pour la potasse). Ensuite, j’incorporais en la pulvérisant cette matière organique avec un passage de motoculteur. Mais je ne dérangeais la vie microscopique ni à l’emplacement des haricots, qui n’ont besoin de rien, ni à celui des aubergines et des choux, qui aiment le compost mûr et recevront un engrais du commerce.

Une bête histoire de joint

Laëtitia emmenait Clément à son cours de Qi gong, sa nouvelle activité du mardi, pendant que j’assistais à la première réunion de l’année pour le Comité des Fêtes de Villebramar, où on programmait de succulentes agapes. Idem à la maison: magret, crêpes et raclette. C’était encore un peu les vacances scolaire, ou pas? Clément, lui aussi maraîcher, me légua un bon paquet de graines, et j’en profitais pour relancer un semis d’oignons puisque le précédent, panaché des variétés locales de Trébons, Lescure et Aginel, avait fait long feu. Puis on revenait à nos histoires d’eau, la pompe hydraulique continuant de turbiner sur trois pattes. Armés de clés à griffe, on démontait et on remontait ce qui pouvait l’être. Mais ce n’est que le lendemain que je remarquais ce joint torique, tombé par terre. Les choses rentrèrent dans l’ordre. Quant à savoir qui, de ce joint oublié ou d’un insuffisant serrage des raccords, avait pu provoquer un appel d’air dans l’aspiration de la pompe, on pataugeait.

Semis d'oignons en alvéoles - Ferme de Videau
Semis d’oignons

Le melon se prend une bâche

Je poursuivais donc l’installation de l’irrigation par goutte-à-goutte dans les tunnels. Quelques couronnes de tuyau supplémentaire et un réducteur de pression achetés, je déroulais de quoi alimenter en eau du lac les planches de melons et de courgettes dont les plants arrivaient bientôt. Le voisin Garonnais, spécialiste du melon, craignait que le sol ne se réchauffe pas assez rapidement et suggéra de remplacer la paille par de la bâche noire. J’en avais un grand morceau, que je perçais selon une astuce de maraîcher démerdard: lampe à souder et boîte de conserve. Ça prenait forme. Le week-end, Laëtitia s’absenta deux jours à Agen, bien inspirée d’avoir répondu à l’invitation du salon Femmes Sages Femmes pour y proposer ses massages Amma assis, et je faisais des mondanités chez des voisins anglophones. Michael et son frère John promirent de venir visiter la ferme, et le firent.

Silence, ça pousse-pousse

À cette occasion, je repérais les deux premières asperges de l’année, sous la bâche d’occultation qui les avait protégées depuis le mois de novembre. C’était chouette, mais je retournais aussitôt à mon bureau car j’avais une commande d’illustrations à satisfaire. Et si une autre de mes illustrations, réalisée pour ce blog, intéressait un éditeur, j’en demandais apparemment trop cher. Puis, je cherchais des caisses et une brouette de récolte à prix cassé, des plants de pomme de terre, de nouveaux outils pour le motoculteur, je créais un nouveau flyer pour Laëtitia qui songeait à se délocaliser à Feugarolles, près d’Agen, une fois par semaine, démarchait les EPAD et étudiait un devis d’assurance pro pour nous deux. Enfin, côté courrier, nous recevions un lot de toiles hors-sol pré-percées pour pailler les légumes, un pousse-pousse tout neuf pour biner les cultures, et un abonnement à la revue le Citron pour mon anniversaire!

Asperge verte - Ferme de Videau
Les premières asperges

Le retour des affreux

On m’avait dit que nos coteaux argilo-calcaires convenaient à l’ail, je caressais cette idée en poussant mon nouvel engin de désherbage et en constatant qu’en effet, il se portait à merveille. Et puis je maniais la grelinette dans les tunnels car le sous-sol me parût, contre toute attente, tassé. Je suais à grosses gouttes, sous ce chapiteau de cirque. J’assemblais des planches de récup’ en guise de jauge pour quelques arbustes qu’on planterait définitivement à l’automne. Je semais dans des alvéoles les fleurs qui prendraient place au début des planches ou entre les légumes: capucine, souci, tagète, phacélie, cosmos. Et en pleine terre, au nord de la maison, des belles de nuit. Laëtitia poursuivait la mission de paillage entres les tunnels, et endossait le pulvérisateur parce qu’avec cet hiver doux, le retour des affreux était avancé: la chenille de la pyrale du buis pullulait déjà.

Allegro, ma non troppo

Je t’avais prévenu, lecteur, que ce résumé risquait d’être indigeste. Mais c’est à un tout autre rythme que se sont enchaînées les activités ces temps-ci, très différent de celui de nos laborieux chantiers de rénovation de 2018, un rythme plus difficile à mettre en musique. Jusque-là moderato, ça tournait allegro avec la réception des plants de courgettes en fin de semaine. Et pour finir, je rendais visite à Benjamin avec notre groupe de maraîchers bio petite surface. Là aussi, signes visibles d’une activité créatrice trépidante, avec chaque jour un truc nouveau: nouveau motif de satisfaction… ou nouveau sujet d’inquiétude. Mais le résultat, vu de l’extérieur, est indéniablement bluffant. On espère très fort, concernant notre propre histoire, que l’effet produit est le même.

Irrigation: si on arrosait ça?

Du 18 février au 3 mars 2019

Deux semaines écoulées depuis le dernier billet, et j’ai une excuse toute trouvée pour cette rupture du rythme hebdomadaire. En fait, c’est presque le chantier du siècle que nous venons tout juste de boucler, un chantier qui ne pouvait pas attendre, qui ne fut pas de tout repos et qui justifie une telle absence. J’ai nommé: l’irrigation. Car à 1 mois des premières plantations de la saison dans des tunnels de culture abrités, par définition, de la pluie, il fallait préparer le sol, et d’abord l’humidifier. Il commençait à être urgent de faire jaillir le précieux liquide. D’autant plus précieux que l’étanchéité de notre lac n’a pas cessé de nous inquiéter, ce dont nous parlerons aussi dans ces lignes. Deux semaines d’un récit poignant, donc.

L’aventure commença par la réception en magasin, à Marmande, d’une pompe électrique triphasée, parfaite pour son prix et sa capacité à pousser 12m3 à l’heure avec assez de pression pour faire pépier mes asperseurs malgré le dénivelé. Ces messieurs avaient étudié les tenants et aboutissants de l’affaire, je gagnais quelques points d’érudition. Un jour et demi plus tard, j’avais construit une cabane en bois pour abriter l’engin. Dérouler et passer dans une gaine un lourd câble de 200m ne fut pas une partie de plaisir, une autre demi-journée. Le lendemain, le schéma électrique étant trop complexe pour le voisin venu en renfort, je retournais au magasin où l’on me fît un dessin. Branchement enfin effectué, on appuyait sur le bouton avec excitation: ça ne démarrait pas. Je passais alors 2h au téléphone avec mon beau-frère électricien de Nouvelle-Zélande. Je retournais à Marmande. Rien à faire, le branchement semblait bon. Finalement, un fil mal connecté au tableau général fut désigné coupable. Ça tournait, on allait pouvoir arroser sous les tunnels.

La pompe est en place, et si on arrosait?

En fait, rien n’était joué. Certes, j’avais fait le plein de raccords, colliers de prise en charge, bouchons, vannes et autres accessoires à un magasin de Fauillet. Certes, nous avions déroulé un beau tuyau de PE au plafond des tunnels de culture. Lui-même raccordé à d’élégantes vannes, elles-mêmes branchées sur un tuyau plus gros. Le voisin Garonnais suggéra que je déplace ce gros tuyau de distribution à l’autre bout des tunnels, en haut de la pente, histoire d’avoir les pieds au sec pour la manipulation des vannes. On perdit quelques heures. Ensuite, il fallut installer une crépine à l’extrémité d’un autre tuyau, depuis le milieu du lac jusqu’à la pompe. Garonnais nous avait fait cadeau de quelques dizaines de mètres de tuyau, mais ils avaient définitivement trop vécu. Je retournais à Fauillet pour acheter une couronne de 100m neuve. Ne restait plus qu’à installer les asperseurs dans les tunnels. On le ferait le lendemain. Et après, on arroserait. Ça urgeait.

Le lendemain, débarqua l’entrepreneur qui avait creusé le lac. La semaine précédente, assez abattus depuis le constat que la digue de celui-ci avait tout d’une passoire, nous avions pressé ce monsieur de profiter d’un estival mois de février pour tenter de réparer les dégâts. L’homme manœuvra son tractopelle sur et à travers la digue, dont il consolida l’ancrage et évacua quelques drains oubliés. À son avis, le problème était en grande partie réglé, et de toute façon il n’avait pas que ça à faire. Échaudé par sa légèreté nous décidâmes d’attendre la prochaine pluie pour renégocier, ou pas, le prix de l’ouvrage et refusâmes poliment de lui rembourser les frais de carburants pour cette nouvelle intervention. C’était un pénible intermède, mais nous l’espérions nécessaire. En attendant, nous n’arrosâmes rien ce jour-là. Mais le lendemain, sûrement. Car il le fallait.

Y a-t-il assez d’eau dans le lac?

Le matin de bonne heure, nous étions à pied d’œuvre. La pompe démarra, mais l’eau du lac refusa de grimper jusqu’aux serres. Je soupçonnais le moteur de tourner dans le mauvais sens, échangeais deux phases, relançait la machine. Sans succès. Nous réamorçâmes la pompe, échangeâmes à nouveau les phases. Finalement, l’arrosage se mit en route, mais l’eau cessa de gicler au bout de 2 minutes. Le voisin Garonnais revint à la rescousse. Songeant à un bouchon, nous avons démonté la turbine, sorti du lac la crépine pour l’inspecter, remplacé le tuyau d’aspiration, vérifié le filtre à tamis… À chaque lancement, la pompe se désamorçait après 2 minutes. En désespoir de cause, vers 17h, j’appelais le vendeur, qui diagnostiqua une arrivée d’air quelque part. Un raccord ma serré? On en avait oublié un seul, auquel on mît un tour de clé à griffe. Le dernier essai fût concluant! Le lendemain, on arrosait, garanti.

Et on arrosa. J’avais espéré que le miracle se produisit le jour de mes 40 ans, histoire de trinquer utile, nous avions 4 jours de retard. Ça n’était pas tout à fait fini: les asperseurs dans les tunnels, placés trop hauts, n’arrosaient pas suffisamment les planches du bord. Il fallut les décrocher un par un, changer le tuyau, les replacer. Enfin, on mouilla pendant 1h30. L’après-midi, je pus me rendre à Seyches y abattre quelques arbres qui feraient du bois de chauffage pour dans deux ans. Le printemps étant en avance, ils pissaient déjà la sève à gros bouillon. Trop tard pour la taille des derniers arbustes au jardin. Laëtitia retourna pour la deuxième fois prêter main forte à Sandie et Damien, copains agriculteurs membres du Biau Germe, dans un difficile exercice de désherbage de la mâche. Entrecoupé de tâches administratives, d’allers-retours en ville et autres commandes de matériel, le chantier irrigation avait finalement duré 10 jours.

Du fumier pour les tunnels

Fin de semaine, nous accueillîmes Stella, Clément et leurs trois enfants. J’entendais bien soutirer des conseils à l’ancien maraîcher, et peut⁻être du renfort dans les ultimes opérations avant plantation: désherbage sous les tunnels, épandage de 2 tonnes de fumier de bovin pris chez notre voisin Pépito. On profita du week-end pour souffler: en tenue de ville j’assistais à l’AG de l’ADEAR, on matait Le Corniaud en famille, on organisait une visite guidée de Lauzun et, sans préméditation, on y prenait nos places pour le concert d’une fanfare suisse le soir-même: l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL. Les anglais squattaient le bar, le boucher du village chauffait les frites et les fajitas. Dans une ambiance bon enfant, mais survoltée de percussions afro-beat, on planait loin, très loin de nos maudits tuyaux. On arrosait ça.

Question de vie ou de mort

Semaine du 11 au 17 février 2019

Le hasard de la vie a voulu qu’en nous installant dans le Lot-et-Garonne, nous rejoignîmes la patrie d’une très bonne copine de Paris, et devînmes voisins avec ses grands-parents. Cette semaine commença par une triste nouvelle, celle du décès de ce grand-père, auquel nous rendions de temps à temps visite, et qui nous avait autorisé à faire usage d’une parcelle boisée pour nos besoins de chauffage. Ancien arboriculteur mordu d’aéronautique, il avait construit un avion de ses propres mains. Il s’enthousiasmait pour tous les sujets, et racontait volontiers l’agriculture d’autrefois, j’adorais. J’en garderais le souvenir d’un fort personnage, une figure du Sud-Ouest: une regard d’aigle, toujours partant pour la blague ; une tête d’ingénieur sur de grandes paluches de terrien ; droit dans ses bottes ; investi d’un sérieux visionnaire, mais malicieux comme ceux qui ont connu un temps où les maisons étaient toujours pleines de monde et où on savait faire la fête.

Oui, la vie est une drôle de chose: un jour plus tard, je semais des graines. C’était une nouvelle vie, éphémère, certes: du basilic, d’abord, dans un mélange de terre, de sable et de colombine, vieille fiente récupérée dans le pigeonnier d’un voisin, et supposée très concentrée en azote. Je faisais un test en prévision d’une production régulière au printemps de plants d’aromatiques en pot. Plus tard, je semais des oignons de Trébons, de Lescure et Aginel, trois variétés dénichées chez Françoise et Henri Barbot. Ce couple de maraîchers que j’allais bientôt retrouver sur le marché de Villeneuve-sur-Lot me convainquirent de lancer moi-même mes semis d’oignon, lequel, plutôt rustique, n’aurait pas à souffrir de l’absence d’une serre, et reviendrait trop cher à faire élever ailleurs. Le poireau, en revanche, restait une culture rentable si on en achetait le plant. Je passais donc commande (au lycée agricole Fazanis de Tonneins) et m’ôtait quelques soucis.

Le roue de la vie continuait à tourner: ces poireaux en gestation succéderaient aux poireaux que je récoltais ces jours-ci pour une clientèle du voisinage. Ceux-là avaient été plantés dans des mauvaises conditions et la mouche du poireau ainsi que les mulots (ou les taupes) s’en étaient donnés à cœur joie. Résultat: une récolte-préparation fort longue, mais quelques jolies caisses vendues à vil prix à des clients doublement satisfaits. D’autres tâches champêtres nous occupèrent ces jours-ci: binage des fèves, et de l’ail après un petit apport potassique (Patentkali), début de désherbage des tunnels de culture en prévision des plantations du mois de mars. Arracher les touffes de ray-grass n’était pas une activité très enrichissante, au rendement limité, mais Laëtitia ne put refuser la corvée, car le temps pressait. Autre gros chantier dans les tunnels: y installer des ouvertures, et l’irrigation!

L’eau, c’est la vie! Je me rendais chez notre voisin Garonnais, maraîcher à la retraite, afin de mettre la main sur des montants métalliques, tuyaux de divers diamètres et asperseurs d’occasion. Je filais chez d’autres fournisseurs officiels, en quête d’éléments neufs: boulons et colliers de fixation, raccords et robinets, bâche plastique… Le chantier s’échelonna du lundi au samedi. On installa l’alimentation des asperseurs sous les tunnels, et au passage on redressa les arceaux et on tendit de nouvelles ficelles sur la bâche. On profita de la science de Garonnais pour installer des ouvertures déroulantes: des portes en plastique, quoi. Enfin, j’arrimais des dizaines de mètres de tuyau sur la façade sud des tunnels, en guise de nourrice pour chaque départ de ligne d’asperseurs et de gaines goutte-à-goutte. Ça prenait forme.

Pour un jardin, l’eau est une question de vie ou de mort. Hélas, la digue du lac n’ayant pas fait ses preuves, nous nous exposions au manque. Au moins pour cette saison. L’entrepreneur qui avait creusé l’ouvrage, s’étant déplacé pour en constater l’inefficacité, projeta une intervention: on pencha pour un remaniement de la digue, le bouchage d’éventuels drains oubliés, une bâche étanche (très chère), l’agrandissement pur et simple… Mais pour l’instant, l’état du terrain, encore humide de l’hiver, ne permettait pas d’intervenir. On croisa les doigts tandis qu’on s’apprêtait à mettre une touche finale à ce jardin menacé de sécheresse: l’installation d’une pompe flambant neuve. Autant continuer à se mouiller, hein? Ici, au village, on ne me surnomme pas Jean de Florette pour rien.

Pisser dans un violon

Semaine du 4 au 10 février 2019

Lundi, c’est jour de marché à Miramont-de-Guyenne. J’ambitionnais d’y installer mon étal car le label AB n’y fleurit guère. Mais à la mairie, on m’a dit que les maraîchers étaient déjà trop nombreux. Maussade, je restais pendu au téléphone fixe pour obtenir d’autres devis pour une pompe d’irrigation et ses accessoires pendant que Laëtitia s’occupait des courses, rendant notamment visite à notre voisine Karine de la ferme des Angiroux à Monbahus, éleveuse et productrice de fromages au lait de vache bio. L’après-midi, on faisait l’inverse: pendant que Laëtitia se plongeait dans les tâches administratives, je soignais les multiples plaies de rouille de la galerie de toit avant de me rendre à Fauillet et Clairac, pour y charger un rouleau de film plastique qui servira d’ouverture à nos 4 tunnels de culture, ainsi qu’un lot de colliers métalliques, accessoires des mêmes tunnels.

Perce-neige - Ferme de Videau
Perce-neige au pied du téléphone

Quant la santé va, TVA

Le lendemain, on rendait visite au dentiste qui nous diagnostiquait une dentition sans défaut mais proposait de revenir la semaine suivante pour un simple détartrage et une radio car on n’est jamais trop prudent. Le déficit de la Sécu et la fortune des mutuelles privées semblant devoir beaucoup à ce professionnel, nous changeâmes de crèmerie. Côté santé toujours, ma tendinite ne me faisant plus souffrir, je consacrais l’après-midi à l’aménagement des buttes de culture sous les tunnels, opération que j’avais laissé en plan au début de la crise. Laëtitia se rendait au domicile d’une nouvelle cliente pour un massage. Je remplissais ma déclaration de TVA, calculant celle payée sur les achats de biens et services en 2018 et 2017 (avant la création de l’entreprise agricole) et bénissais celui qui m’avait un jour conseillé de choisir ce statut fiscal, en vue d’une installation coûteuse en investissements.

Fumier humain

Mercredi, nous achevâmes à deux d’installer les barres de culture sous les tunnels. J’allais pouvoir mettre en place le réseau d’irrigation. L’après-midi, Laëtitia avait un autre rendez-vous massage (elle tournait à 4 prestations par semaine environ depuis quelques temps, c’était chouette), me laissant en compagnie du voisin Yves, lequel avait fait irruption dans le jardin armé d’un sécateur, car je lui avait demandé de me montrer comment tailler les rosiers. Au pied de ceux-ci, j’épandais le vieux compost de nos toilettes sèches (du fumier humain, en fait), mélangé à de la sciure de résineux, et me félicitais de cette boucle vertueuse de la matière organique en circuit très court. Je prenais garde à ne pas enterrer les jonquilles, presque bourgeonnantes, qui poussait déjà sous un des rosiers. Puis j’enchaînais par la taille d’un laurier-tin que je sculptais en boule, car sous mes dehors nouvelle agriculture, je suis très vieux jeu.

Jonquilles dans compost toilettes sèches - Ferme de Videau
Jonquilles dans fumier humain

Défilé d’automne-hiver

Jeudi, fut une journée de rendez-vous. Laëtitia avec une cliente pour un massage, évidemment. Puis défilèrent Mme la Maire et le responsable technique de la Communauté des Communes, venus constater les désordres occasionnés par le ruissellement et/ou la remontée d’eau souterraines depuis le champ du voisin vers notre grange. Il pourrait s’avérer nécessaire de creuser un simple fossé, au moins, et voir si cela avait un effet. Nous avions déjà aménagé un drain contre la maison pour lutter contre de similaires symptômes, sans grand résultat, et ne voulions pas gâcher notre énergie et nos économies une deuxième fois. Peu après, je recevais la visite d’une représentante de Groupama pour un devis d’assurance professionnelle, puis je me rendis chez le voisin Garonnais pour encore y charger du matériel d’occasion. Enfin, posément, je créais une version du flyer de Laëtitia vantant les vertus du massage Amma assis, qu’elle pourra distribuer sur les lieux de cette toute nouvelle prestation.

Sortie de groupe

Vendredi, blondinette replongeait dans la paperasse. Je la chargeais au passage de contacter EDF pour qu’ils relèvent la puissance de notre compteur électrique, en prévision de l’arrivée de la pompe d’irrigation que je venais de commander. Je me rendais toute la journée chez Louis, à Caubon-Saint-Sauveur, en compagnie d’autres membres de notre petit groupe de Maraîchers Petite Surface du Lot-et-Garonne. Nous visitâmes sa ferme, soit une grosse maison de village donnant miraculeusement sur un beau terrain de 3 hectares très vallonné. Louis démarrait une deuxième saison avec un bel équipement mais aussi l’expérience douloureuse d’une récolte perdue en 2018. Il semblait repartir plus fort que jamais, bien épaulé par son voisin Guillaume. Nous enviâmes tous leur proximité et les cafés du matin pour mieux planifier, à deux, leurs projets respectifs. Après l’apéro, le repas et l’ordre du jour échangés, j’étais ramené par Benjamin, installé à La-Sauvetat-du-Dropt. Une autre ferme, bucolique aussi, dont on reparlera ici, un jour.

Le yoyo du lac

Le week-end démarrait par un coup de main au voisin Garonnais, dont le tunnel de fraises n’attendait plus que la bâche plastique avant le début de la saison. J’avais une mauvaise nouvelle à colporter: notre lac qui s’était rempli en un clin d’œil après les 60mm tombés la semaine précédente était presque revenu à son niveau initial à cause d’une digue pas précisément étanche. Il restait encore un bon paquet de flotte, mais ce yoyo n’était pas bon signe, autant pisser dans un violon. Heureusement, j’avais aussi une bonne nouvelle: ma candidature au marché bio de Villeneuve-sur-Lot était acceptée! Et puis la campagne de financement participatif, qui était officiellement terminée mais engrangea quelques dons supplémentaires, était un autre motif de satisfaction. On commandait des pizzas (pas bio) pour fêter ça… et on remettait les soucis au lundi.

Le plein de bonnes nouvelles

Semaine du 28 janvier au 3 février 2019

Ça commençait par une visite au toubib pour ma tendinite. Je n’apprenais pas grand chose, mais j’avais désormais l’autorisation de me rendre chez un kiné et d’enfiler une attelle. J’étais toujours privé de travaux physiques pour la semaine, j”épluchais donc la liste toujours longue comme le bras des petites tâches d’ordre administratif, logistique ou purement cérébral, comme par exemple le visionnage sur YouTube d’une formation au maraîchage sol vivant par Laurent Welsch et Nathanaël Duranthon, passionnant exposé théorique et pratique qui allait m’aider à choisir l’itinéraire technique de mes légumes.

Laëtitia participait pour de vrai à la deuxième partie de sa formation de massage Amma assis. En son absence, je lançais l’ultime newsletter de relance de la campagne de financement participatif, qui se termine aujourd’hui dimanche avec 12300€ au compteur. On a vraiment été estomaqués par le nombre de soutiens que nous avons reçu ces dernières semaines. Les copains et les membres de la famille ont été au rendez-vous, ça fusait de partout, et nous recevions en plus des dons de chouettes messages d’encouragement qui nous mis en orbite pour la suite des événements. Merci, merci, merci! Dommage que la mayonnaise n’ait pas aussi bien pris au niveau local, malgré plusieurs relais grâce aux groupements d’agriculteurs, aux collectivités et à la presse régionale. Pas simple, quand on vient de faire irruption dans le paysage.

Retour mercredi, j’allais à Marmande y cueillir un sac de Patentkali (engrais potassique) pour l’ail, du terreau pour mes semis de basilic, et Laëtitia à la descente du train de Bordeaux. Le reste ne fut qu’une succession de rendez-vous manqués: avec le kiné, et avec la mairie de la commune voisine qui loue à Laëtitia une salle pour ses massages. Jeudi, Laëtitia retrouvait sa clientèle en manque de décontraction, dont la femme d’un couple venu spécialement d’Agen, à 1h de route. Je réclamais quelques devis: pompe et tuyaux pour l’irrigation, assurance pro et mutuelle. J’éclaircissais ma situation d’assuré social avec la MSA. Puis je filais récupérer des barres et des colliers en acier à destination des tunnels de culture. La pluie, qu’on attendait depuis un bail, commençait à dégringoler. Le lac allait pouvoir se remplir.

Vendredi, alertés par la montée soudaine du du niveau du lac, nous avons creusé, au péril de nos bottes, une tranchée de trop-plein qui soulagerait le poussif tuyau installé par l’entrepreneur du terrassement. Pas une mince affaire, de remuer cette glaise humide qui colle aux outils comme du fromage fondu. Toute la flotte du bassin versant a choisi de filer tout droit à travers le pré, pas assez enherbé pour éponger: c’est un véritable torrent de boue qui déborde l’inutile fossé de protection et file dans le lac. Malgré tout, c’est une bonne nouvelle. Depuis le temps qu’on attendait ça… Le lac est plein!

On enchaîna sur deux demi-journées d’installation des barres en acier sous les tunnels. Fixés d’un côté à l’autre des arceaux, elle deviendront le support des tuteurs à tomates, concombres et haricots, et de l’irrigation par aspersion. Travail du sol, fertilisation, irrigation… Tout devait être fin prêt avant la mi-mars pour les plantations, la pression commençait à monter. Ouf, on profitait volontiers d’une pause crêpes chez le voisin Yves, et on remettait ça le soir-même chez Sabine et Gildas. On lâchait du lest.

Et dimanche, on bronzait presque sous un soleil revenu, à tailler le cognassier qui fait traditionnellement office de borne à l’angle de la propriété. C’était du beau travail, puis je passais au buis. Je supprimais tous les rejets pour mettre le tronc en valeur, j’y allais un peu fort. Laëtitia en eut du chagrin. Mais enfin, on se réconciliait à l’idée de la glorieuse issue de notre campagne de financement participatif. L’achat de la pompe d’irrigation nous effrayait beaucoup moins. Il ne serait pas le seul investissement de ce début d’année, si l’on voulait récolter au printemps de beaux légumes. Beaux et généreux. Comme nos supporters, pardi. C’est bien le moins qu’on puisse faire pour leur prouver qu’ils avaient parié sur le bon cheval.