Pisser dans un violon

Semaine du 4 au 10 février 2019

Lundi, c’est jour de marché à Miramont-de-Guyenne. J’ambitionnais d’y installer mon étal car le label AB n’y fleurit guère. Mais à la mairie, on m’a dit que les maraîchers étaient déjà trop nombreux. Maussade, je restais pendu au téléphone fixe pour obtenir d’autres devis pour une pompe d’irrigation et ses accessoires pendant que Laëtitia s’occupait des courses, rendant notamment visite à notre voisine Karine de la ferme des Angiroux à Monbahus, éleveuse et productrice de fromages au lait de vache bio. L’après-midi, on faisait l’inverse: pendant que Laëtitia se plongeait dans les tâches administratives, je soignais les multiples plaies de rouille de la galerie de toit avant de me rendre à Fauillet et Clairac, pour y charger un rouleau de film plastique qui servira d’ouverture à nos 4 tunnels de culture, ainsi qu’un lot de colliers métalliques, accessoires des mêmes tunnels.

Perce-neige - Ferme de Videau
Perce-neige au pied du téléphone

Quant la santé va, TVA

Le lendemain, on rendait visite au dentiste qui nous diagnostiquait une dentition sans défaut mais proposait de revenir la semaine suivante pour un simple détartrage et une radio car on n’est jamais trop prudent. Le déficit de la Sécu et la fortune des mutuelles privées semblant devoir beaucoup à ce professionnel, nous changeâmes de crèmerie. Côté santé toujours, ma tendinite ne me faisant plus souffrir, je consacrais l’après-midi à l’aménagement des buttes de culture sous les tunnels, opération que j’avais laissé en plan au début de la crise. Laëtitia se rendait au domicile d’une nouvelle cliente pour un massage. Je remplissais ma déclaration de TVA, calculant celle payée sur les achats de biens et services en 2018 et 2017 (avant la création de l’entreprise agricole) et bénissais celui qui m’avait un jour conseillé de choisir ce statut fiscal, en vue d’une installation coûteuse en investissements.

Fumier humain

Mercredi, nous achevâmes à deux d’installer les barres de culture sous les tunnels. J’allais pouvoir mettre en place le réseau d’irrigation. L’après-midi, Laëtitia avait un autre rendez-vous massage (elle tournait à 4 prestations par semaine environ depuis quelques temps, c’était chouette), me laissant en compagnie du voisin Yves, lequel avait fait irruption dans le jardin armé d’un sécateur, car je lui avait demandé de me montrer comment tailler les rosiers. Au pied de ceux-ci, j’épandais le vieux compost de nos toilettes sèches (du fumier humain, en fait), mélangé à de la sciure de résineux, et me félicitais de cette boucle vertueuse de la matière organique en circuit très court. Je prenais garde à ne pas enterrer les jonquilles, presque bourgeonnantes, qui poussait déjà sous un des rosiers. Puis j’enchaînais par la taille d’un laurier-tin que je sculptais en boule, car sous mes dehors nouvelle agriculture, je suis très vieux jeu.

Jonquilles dans compost toilettes sèches - Ferme de Videau
Jonquilles dans fumier humain

Défilé d’automne-hiver

Jeudi, fut une journée de rendez-vous. Laëtitia avec une cliente pour un massage, évidemment. Puis défilèrent Mme la Maire et le responsable technique de la Communauté des Communes, venus constater les désordres occasionnés par le ruissellement et/ou la remontée d’eau souterraines depuis le champ du voisin vers notre grange. Il pourrait s’avérer nécessaire de creuser un simple fossé, au moins, et voir si cela avait un effet. Nous avions déjà aménagé un drain contre la maison pour lutter contre de similaires symptômes, sans grand résultat, et ne voulions pas gâcher notre énergie et nos économies une deuxième fois. Peu après, je recevais la visite d’une représentante de Groupama pour un devis d’assurance professionnelle, puis je me rendis chez le voisin Garonnais pour encore y charger du matériel d’occasion. Enfin, posément, je créais une version du flyer de Laëtitia vantant les vertus du massage Amma assis, qu’elle pourra distribuer sur les lieux de cette toute nouvelle prestation.

Sortie de groupe

Vendredi, blondinette replongeait dans la paperasse. Je la chargeais au passage de contacter EDF pour qu’ils relèvent la puissance de notre compteur électrique, en prévision de l’arrivée de la pompe d’irrigation que je venais de commander. Je me rendais toute la journée chez Louis, à Caubon-Saint-Sauveur, en compagnie d’autres membres de notre petit groupe de Maraîchers Petite Surface du Lot-et-Garonne. Nous visitâmes sa ferme, soit une grosse maison de village donnant miraculeusement sur un beau terrain de 3 hectares très vallonné. Louis démarrait une deuxième saison avec un bel équipement mais aussi l’expérience douloureuse d’une récolte perdue en 2018. Il semblait repartir plus fort que jamais, bien épaulé par son voisin Guillaume. Nous enviâmes tous leur proximité et les cafés du matin pour mieux planifier, à deux, leurs projets respectifs. Après l’apéro, le repas et l’ordre du jour échangés, j’étais ramené par Benjamin, installé à La-Sauvetat-du-Dropt. Une autre ferme, bucolique aussi, dont on reparlera ici, un jour.

Le yoyo du lac

Le week-end démarrait par un coup de main au voisin Garonnais, dont le tunnel de fraises n’attendait plus que la bâche plastique avant le début de la saison. J’avais une mauvaise nouvelle à colporter: notre lac qui s’était rempli en un clin d’œil après les 60mm tombés la semaine précédente était presque revenu à son niveau initial à cause d’une digue pas précisément étanche. Il restait encore un bon paquet de flotte, mais ce yoyo n’était pas bon signe, autant pisser dans un violon. Heureusement, j’avais aussi une bonne nouvelle: ma candidature au marché bio de Villeneuve-sur-Lot était acceptée! Et puis la campagne de financement participatif, qui était officiellement terminée mais engrangea quelques dons supplémentaires, était un autre motif de satisfaction. On commandait des pizzas (pas bio) pour fêter ça… et on remettait les soucis au lundi.

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