Du 18 au 31 mars 2019
Une semaine historique, avec le début de la grande valse des plantations à la ferme de Videau. Nous avons mis en terre, sous tunnel, les premiers plants de courgettes, d’aubergines et de melons, commandés au début de l’hiver à différentes pépinières. Pour les courgettes, un démarrage poussif: arrosage insuffisant, soleil torride pour la saison ont fait se ratatiner les premières feuilles. Rien n’est perdu, mais ces bébés-là ont un peu souffert, on ne m’y reprendra plus. Melons et aubergines, au contraire, ont été correctement choyés et se portent comme un charme, merci pour eux. Hélas, la plantation des choux pointus, tomates et poivrons a été différée à une date ultérieure: malgré un mois de février carrément estival, les plants restaient un peu chétifs en pépinière. Ça sentait le travail mal fait, mais tant pis. Je rectifiais mon calendrier.
Du coup, je trouvais le temps de planter, dans mon bac en bois de récup’, les quelques arbustes donnés par un oncle: groseillier, myrtillier, cerisier et fuschia. On installait du goutte à goutte sous les tunnels, et de la bâche tissée. Puis je semais des laitues. Après tout, l’avoir fait pour les oignons et les fleurs ne m’avait pas trop compliqué la vie. J’avais récupéré quantité de plaques de semis chez le voisin Garonnais, j’avais des tunnels tous neufs et plusieurs centaines de mètres de voile d’hivernage en prévision des nuits fraîches. Du coup, revenant sur ma décision de semer plus tard en pleine terre (on parle de semis direct), ou de confier les opérations à une pépiniériste, je commandais rapidement des semences de courges et de melons et obtenais par un voisin des graines de piment aji péruvien dont j’élèverais moi-même le plant dans du terreau jusqu’à la plantation en mai.
Pire, je décidais de planter des pommes de terre! Je trouvais quelques plants bio dans une coopérative de Marmande, et commandais le reste chez Payzons ferme. Comme il me fallait un outil digne de ce nom pour cultiver les tubercules, je cassais à nouveau la tirelire du financement participatif pour des butteurs et une arracheuse de pomme de terres compatible avec le motoculteur. La voisine Huguette, après les plants de tomates de l’année précédente, me confia des cardons. Mais pour les mettre où? Et la consoude? Et les autres plantes, données par Bernadette, une autre voisine? Et quid de la haie occultante de bambous et canisses entre la maison et le futur gîte? Là, je creusais une longue tranchée de 60cm de profondeur, prévoyais une barrière anti-rhyzome qui ne soit pas en plastique, mais renonçais à recycler des tôles ondulées, qui ne feraient que se dégrader dans le sol. La tranchée, comme la question de cette haie et de tout le reste, restait finalement ouverte.
En fin de première semaine arrivèrent les parents de Laëtitia, et automatiquement une foule de possibilités impliquant de la main d’œuvre se présenta à nous! Les talents de beau-papa s’exprimèrent dans diverses améliorations: mécanisme et joints de porte-fenêtre, entretien de tondeuse, meubles de cuisine. Toute la famille fût impliquée dans le paillage des futurs poivrons et le déménagement du matériel agricole depuis la grange jusqu’au hangar bâché, suivi d’une collecte de grande échelle à destination de la déchetterie, eut enfin lieu. Au jardin, la place était nette pour un passage de girobroyeur par notre papy national, le voisin Yves. La luzerne avait de la concurrence, parmi laquelle le redoutable sorgho d’Alep. La tonte commença autour des tunnels et on y voyait d’un coup plus clair, la toute dernière livraison de fumier bien en évidence.
Heureusement pour le bon déroulement de ce programme, Laëtitia se contenta de deux séances de garde d’enfants, et ne tournait qu’à un modeste rythme de 3 massages par semaine. Ça pouvait changer rapidement, avec la publication d’un entrefilet sur sa petite entreprise dans la Dépêche du Midi. Côté revenus, on se rassurait vraiment avec le premier acompte pour la réalisation en cours du site web du golf voisin, et un devis accepté pour un autre site web, celui d’un lycée parisien. Dans les tuyaux, j’avais encore deux illustrations (mais pas d’inspiration) et un flyer pour la voisine Mag et son toilettage canin. Et côté copinage, on se rendait à la Maison Forte, dont une équipe remaniée présentait ses projets pour 2019. De sérieux espoirs pour de grandes choses, suivis d’un apéro dînatoire impeccablement chaleureux, comme d’habitude.
Je tentais de relayer sur Facebook un événement tout à fait local: comme chaque printemps, l’éclosion d’une espèce rare, la tulipe d’Agen, s’observe presque exclusivement dans un verger de Villebramar, derrière la ferme de Videau. Samedi matin, on découvrait d’abord des trucs pendant la rando commentée par Florent du CEN Aquitaine: ail et géranium sauvages, cardamine aux fleurs comestibles, renoncules et muscaris… puis un en-cas sorti du sac, augmenté de deux plaques de pizza subventionnées par la mairie, le vin et les grillades de l’ami Michel. L’après midi, conférence autour de la tulipe, et visite du verger proprement dit. Nous comptions bien faire grossir l’événement, en y ajoutant une visite de notre ferme dès l’année suivante. Les parents de Laëtitia levèrent le camp, et furent aussitôt remplacé par Delphine et Lambert, cyclotouristes et wwoofeurs revenus d’une traversée du continent américain. Là encore, une foule de possibilités impliquant de la main d’œuvre, etc.