Semaine du 5 au 11 novembre 2018
Lundi, Laëtitia mettait un point final au chantier d’isolation sous rampants en laine de bois de l’ancienne l’étable, flanquée de deux équipières: Christine et Marie, la mère et la fille, l’une et l’autre moins bien sapées qu’à l’accoutumée pour d’évidentes raisons. Michel, le père, ne faisait qu’un saut pour le lunch et nous épargnait un probable menu végétarien en ramenant quelques confits de canard maison et un chouette Côtes de Gascogne rouge du domaine Guillaman. Je digérais tranquillement devant l’ordinateur, au chevet du futur site sous WordPress d’une agence d’architecture bioclimatique, puis j’allais épandre de l’engrais organique en prévision de la plantation d’ail bio Thérador.
L’ail, ça repousse
Mardi, ça n’est pas très scientifique mais nous étions en jour racine du calendrier biodynamique et je m’en souciais. Hélas, nous plantâmes dans des conditions qu’on ne saurait qualifier autrement que de dégueulasses. Leçon pour l’an prochain, même si ça pousse bien: planter plus tôt, en octobre, avant la pluie et dans un sol plus sec, ou au moins sous abri. Laëtitia prodigua deux massages à de nouveaux clients puis, l’après midi, changement de décor: maintenant que l’isolation sous rampants du futur gîte à cet endroit, très en retard pour cause de malfaçon dans la réfection de la toiture, était enfin terminée, on allait pouvoir y faire place nette. Jusqu’au soir, j’arrachais donc le plafond de l’ancienne étable.
Mercredi, nouveau massage à domicile. Après les avoir déposées, nous stockâmes ensuite les planches en bon état, ainsi que les poutres, de l’ancien plafond: tant de bois, ça ne se jette pas, ça se recycle. J’achevais par le démontage de la séparation entre l’étable (où allaient les vaches) et la grange (où allaient le foin et la paille). Dans cet assemblage en tenon-mortaise, une série de planches verticales à claire-voie. Et parmi ces planches, certaines découpées pour permettre au bétail de passer le cou vers sa nourriture. Ce sont les «crèches» en bois, si caractéristiques et en assez bon état, qu’on s’est promis de transformer en éléments décoratifs de la future rénovation. Je stockais le tout après les avoir scientifiquement numérotées.
On touche du bois
Jeudi, nous continuâmes à démolir ce qui devait l’être: le muret de soutènement des crèches en bois, empilage approximatif de briques plates et de parpaings coulés dans le béton sur les anciennes fondations en tuf. Après, il fallut déblayer tous ces gravats. Un charpentier vint se rendre compte de l’état des poteaux qui soutiennent la toiture: il faudra les étayer (c’est pas de la tarte, on réserve ça aux scientifiques) et couler un poteau béton tout neuf. Puis Patrice vint couper le bois pour l’hiver à la ferme de notre voisin Yves. On laissait tout en plan pour l’aider à charger 6 stères de chêne et de charme sur la remorque, que nous déchargeâmes derrière la maison, 150m plus loin. Contre quelques gros billets, nous avions en principe une réserve suffisante (moins que l’année précédente, mais nous avions fait main basse sur quantité de vieux éléments de charpente, et abattus quelques arbres depuis).
Vendredi, le déblaiement n’était pas encore terminé. Nous profitâmes d’un retour du soleil pour nous livrer à une science occulte. Si l’année précédente j’avais désherbé les asperges (environ 15m hérités des anciens proprios) en catastrophe au printemps, je voulais faire mieux cette saison. Entre un rang de belles asperges vertes et une prairie qui a repris ses droits, il faut choisir. Je scalpais donc rapidement l’herbe qui avait envahi la planche, je fauchais la partie aérienne des asperges, laissant tout sur place, et nous recouvrîmes d’une bâche occultante. Je remplaçais donc le couvert naturel par un autre artificiel, afin de ne pas laisser le sol nu pour l’hiver: c’est une règle fondamentale en agriculture de conservation.
L’occultation, c’est pas sorcier
Sous la bâche, le processus de digestion des restes de culture allait être favorisé, et les nouvelles levées d’herbe contrariées par l’absence de lumière. Au printemps, après avoir retiré la bâche, seul une opération de griffage superficiel pour incorporer un peu d’engrais devrait précéder la récolte dans un sol «propre». Nous étendîmes cette méthode à d’autres buttes de culture. Après tous ces gravats et vieux débris, la promesse d’une terre vierge et productive tombait à pic. Faire du neuf avec du vieux, voilà une devise.
je vous enviâtes ce passé simple ainsi que l ‘esprit scientifique qui vous permîtes la numérotation des creches.