Semaine du 3 au 9 décembre 2018
Pour commencer, on faisait le ménage autour de la grange en prévision de la venue du charpentier. C’était un peu la zone, faut dire. Surtout à cause du tas de bois formé par l’ancien bardage et d’éléments issus du démontage de l’étable. On tronçonna ce qui pouvait servir de combustible pour le poêle, on fit un grand brasier avec le reste. D’habitude, les déchets du jardin (tontes, paille, résidus de culture, produits de la taille des arbres…) vont au compost ou directement à la terre, quand ils ne servent pas de paillis ou d’abri pour la microfaune. De cette façon, c’est dans le sol qu’on séquestre le carbone contenu dans ces «déchets verts», quand brûler ne ferait que le libérer dans l’atmosphère.
Ensuite, on prenait la décision de s’occuper sérieusement de l’évacuation des eaux de pluie de la grange, destinées à rejoindre notre beau petit lac d’irrigation. Avec une telle surface de toiture, ce serait gâcher que de laisser toute cette flotte aux crapauds. D’abord, ils s’y noieraient. Ensuite, cette eau qui s’accumule au pied du bâtiment à chaque forte averse, infiltrant le sol et les murs, est une menace pour l’aménagement du gîte. Nous fîmes donc nos emplettes à Marmande, et le budget du mois en prît un sacré coup. On ramenait tout un tas de tuyaux et on laissait un chèque de caution pour la mini-pelle de location, et nous n’avions plus qu’à attendre le week-end en faisant des étirements: la guerre des tranchées arrivait.
Et puis, jeudi, il se produisit un événement grave qui nous obligea à déprogrammer ce chantier. Un événement qui faillit tourner au drame. À l’occasion des travaux du gîte, nous avions demandé au charpentier de refaire le soubassement de deux poteaux, mal protégés de l’humidité. L’artisan fît ce qui s’annonçait comme une opération de routine: il étaya patiemment les poteaux. Dans la soirée, Laëtitia fût d’abord alertée par un grand bruit. Le charpentier débarqua tout d’un coup, blanc comme un linge: «j’ai fait une connerie», qu’il dit. Une connerie qui lui avait presque coûté la vie, oui. Un des deux poteaux, bien qu’étayé, s’était effondré sous une inattendue poussée latérale et avec lui une grosse poutre, à une poignée de cheveux de notre bonhomme, lequel n’avait dû son salut qu’à un bond de côté. La couverture de tuiles faisait maintenant une grande vague. La moitié du bâtiment menaçait de suivre le mouvement… Allait-il le suivre? Allions nous perdre notre grange? Notre homme sécurisa ce qui pouvait l’être, et revint le lendemain avec son chariot télescopique. Dans la journée, il remit d’aplomb notre belle charpente centimètre après centimètre. C’était un bon. Nous échappâmes à la procédure de sinistre avec assurance et tout et tout. Le chantier du gîte, encore une fois, prenait du retard. Mais le pire était évité, et notre charpentier bien vivant. Avec une histoire de plus à raconter à ses futurs petits enfants.
Du coup, j’annulais ma visite chez Marielle, une maraîchère de Bazens, pour surveiller l’évolution de ce chantier. Mais j’avais eu le temps de participer à une visite de maraîchers-arboriculteurs organisée par l’ADEAR: je retrouvais avec plaisir le jardin de Jacques Barroux, qui a planté ses fruitiers au milieu de ses légumes, et rivalise d’ingéniosité en matière de lutte biologique. Je découvrais le verger de pruniers de Karina, un espace laissé presque sauvage, à peine perturbé par une taille très douce et l’unique tonte qui précède les récoltes. Des pratiques qui feraient bondir mon voisin Yves, l’homme qui a sauvé les tulipes de Villebramar, mais avec l’aide de la mécanique. Et puis, de retour à la maison, nous avons achevé de couvrir avec des bâches occultantes les buttes de culture aménagées cet automne et qui n’avaient pas reçu de couvert végétal. J’ai épandu deux brouettes de fumier sur les asperges, que j’occulterai à nouveau après la prochaine grosse pluie. Et nous avons, en deux temps, formé de beaux alignements avec le bois abattu l’hiver dernier chez nos amis de Seyches pour qu’il sèche. Pour finir, nous avons retrouvé Sabine et Gildas, de Tombebœuf, à une foire bio à Bergerac. Leur stand présentait des conserves de mouton et des fruits séchés qui déchirent: graines de courge, tomates, physalis, kakis. Nous rencontrâmes la créatrice de la revue le Citron dont je vous ai déjà parlé ici et qui, je l’espère, nous fera la faveur de lire un jour ces lignes.
Enfin, cette semaine c’était le lancement de la campagne de financement participatif sur la plateforme Blue Bees. Presque une semaine plus tard, quelle claque! Les premiers contributeurs ont joué le jeu en contribuant rapidement à coups de montants plutôt élevés, et nous approchons déjà les 5000 euros. Merci à vous tous qui avez participé, vous êtes nos anges-gardiens. Vous êtes nos bienfaiteurs. Vous allez changer la donne. Continuez à faire mousser notre projet, le chemin reste encore long jusqu’aux 25000 euros espérés, avec lesquels la saison de maraîchage 2019 aura l’air vraiment professionnelle, et les finitions du gîte plus brillantes que jamais. On y croit, pas vous?
Smackkkkk