Semaine du 26 novembre au 2 décembre 2018
Lundi, on démarrait sur les chapeaux de roue avec la couverture des tunnels de culture. Les bobines de film plastique attendaient sagement depuis deux jours une disponibilité de notre voisin Garonnais: celui-ci ramena quelques arceaux métalliques manquants sur son Manitou (en tant que maraîcher à la retraite, il est le fournisseur officiel de matériel d’occasion de la ferme de Videau), et nous procédâmes sous sa direction. Pour chaque tunnel, on planta la bobine sur une des fourches du Manitou, à 2m du sol, qu’on déroula jusqu’à l’autre extrémité de la série des arceaux. Puis notre professeur nous montra comment installer la ficelle entre les montants, par dessus le plastique, de façon à plaquer celui-ci sur les arceaux.
Dieux des tunnels
Il fallait faire vite puisque le vent menaçait de se lever et qu’une bâche mal fixée risquait de se transformer en incontrôlable parapente géant. Les dieux, qui étaient avec nous, retinrent la brise, et à la tombée de la nuit nous avions agrémenté le paysage de quatre chenilles translucides géantes, solidement arrimées. Pas un chef d’œuvre d’architecture, mais un outil précieux pour le revenu du maraîcher: ces petits tunnels de 25m sur 4,50m disposés dans le sens de la pente offriraient une bonne circulation de l’air et une meilleure précocité que des grands structures à haut plafond. De quoi allonger la saison des «ratatouilles» (tomate, poivron, courgette, aubergine), anticiper la production des primeurs (pomme de terre nouvelles, pois, haricots, carottes, radis…), et proposer davantage d’espèces en hiver (mâche, épinard, blette, salade…).
Friche d’affaire
450m2 de tunnels, ça restait très modeste. Je m’en rendais compte à l’issue d’une formation de deux jours, par deux professeurs, à la chambre d’agriculture d’Agen, intitulée «Planifier ses productions en maraîchage biologique». Nous utilisâmes un tableau Excel baptisé Légumix, en commençant par défricher les besoins: nombre de lieux de vente, quantité de légumes… Le chiffre d’affaire estimé, relatif à ma surface, ne s’avéra pas sensationnel, et je me cassais la tête pour caser un nombre raisonnable de légumes d’été dans mes petits tunnels. La nécessité de maintenir mon activité de graphiste pour cette année 2019 ne faisait plus aucun doute, sachant qu’en plus le temps consacré au jardin serait encore amputé par des travaux. En ce qui concernait le futur revenu agricole, Excel était catégorique: il faudrait au moins doubler la surface sous abri.
Les insectes sont nos amis
La question des rotations et des engrais verts fut largement abordée dans la formation, et même si je sortais déçu par l’organisation de ces deux journées je me félicitai d’être allé au contact de mes semblables. Et comme à l’occasion du Certiphyto, j’aimais bien retourner sur les bancs de l’école. D’ailleurs, j’assistais l’avant-veille à une autre formation intitulée «Identifier la biodiversité existante» et animée par Véronique Sarthou à Sainte-Livrade-sur-Lot. Ce fut un tour de reconnaissance exhaustif des bestioles qui vivent dans nos campagnes, à commencer par les vers de terre et les champignons mycorhiziens, et du bénéfice de leur présence: pollinisation tous azimuts et prédation des nuisibles: la coccinelle dévore les pucerons, le champignon «collet» piège les nématodes, le petit du faisan se nourrit d’insectes… La majorité des auxiliaires insectes sont des butineurs. Moralité: plantez des fleurs! On déplora la disparition de 75% des espèce cultivées depuis 1900, on milita pour la réintroduction des haies dans les parcelles. Et on programma une 2ème journée sur le terrain au mois de mai.
Feu vert pour la campagne
Et puis, quelques faits marquants en vrac: nous reçûmes la visite d’un correspondant local du journal Sud-Ouest pour un entrefilet sur la nouvelle activité de massage à domicile, nous récoltâmes plusieurs plateaux de kakis du voisinage, destinés à la confiture et au séchage, et j’invitais Laëtitia au restaurant la Tête d’ail de Cancon pour ses 33 ans: on croqua des pickles de gouttes de poivrons et des brins d’achillée millefeuille, et on sympathisa avec un staff sympa, aux appétits de produits originaux et locaux: je rêvais déjà d’une collaboration à base de colis de jeunes pousses et de piments des Caraïbes. Nous avions les tunnels pour ça! Enfin, nous avons mis une touche finale à notre campagne de financement participatif, avec un shooting photo rigolo dans le jardin et la mise au point des cadeaux de remerciement. Le lancement est prévu pour la semaine prochaine, et nous mettons de grands espoirs dans votre soutien. Notre projet, malgré tout le sérieux que nous y mettons au quotidien (sérieux dont, je l’espère, ce journal est le meilleur témoin) a vraiment besoin d’un coup de pouce financier… Pour que Videau devienne une ferme bio et écolo, un lieu pour vos vacances vertes. Aussi vert… que ces billets qui nous font défaut!