Semaine du 8 au 14 octobre 2018
C’était d’abord le premier anniversaire du petit Gabin, bébé dont la naissance a fait bondir le recensement, avec 107 habitants à Villebramar. C’était aussi la quatrième visite de maman et papa Pernix, débarqués comme d’habitude avec quelques caisses de victuailles et remontés comme des coucous à l’évocation du programme de la semaine. Leur idée de la retraite n’étant en rien avachie (genre, les doigts de pieds en éventail pendant que le robot nettoie la piscine), nous tentons à chaque fois d’en tirer parti. Effectivement, grand remue-ménage dans le pénible ronron de la semaine précédente, trop calme à mon goût. Le chantier du gîte rural étant toujours au point mort dans l’attente d’un petit travail supplémentaire du charpentier, nous avançâmes les préparatifs d’un autre chantier, prévu normalement en 2019: la transformation de l’auvent en serre à semis.
Une fosse? Que dalle!
Pour commencer, on décaissa le sol de l’auvent pour le mettre à peu près à niveau et lui permettre de recevoir une dalle, probablement de chaux. Nous triâmes les gravats, et déplaçâmes la terre à la brouette sur une bâche de façon à la réutiliser plus tard (par exemple, pour une autre dalle en béton de terre). Du coup, nous dégagions le réseau d’évacuation des eaux usées qui se déversent dans une fosse septique. Réseau qu’on transforma aussitôt, en prévoyant l’évacuation d’une future salle de bain à l’étage, d’un chauffe-eau et d’un futur évier dans la serre. Puisque nous n’utilisons plus que des toilettes sèches, le trajet de ces eaux grises (eau du bain, lessive, vaisselle, uniquement), a donc été dévié vers une future tranchée de pédo-épuration, une technique novatrice et ridiculement simple à mettre en œuvre (mais non-conforme) de valorisation des eaux ménagères au pied des arbres dont je vous entretiendrai tôt ou tard. Du coup, adieu fosse à caca!
Une serre bien arrosée
À peine passée la pause repas, raisonnablement arrosée de vin de Buzet pour nous donner du cœur à l’ouvrage, nous passions au démantèlement du vieux muret de l’auvent. Encore des gravats: lourdes pierres en tuf qui tombent en morceaux, poussière des joints à l’ancienne. Plus tard encore, je coffrais le soubassement des poteaux en bois pour y couler du béton (le reste du muret sera remplacé par des parpaings), pendant que papa et maman se consacraient à raser un bouquet de bambous, puis à extraire de la haie toute proche des restes de fil de fer barbelé. Nouvelles pauses repas, arrosées de vin de Duras. Enfin, nous fîmes relâche le jeudi, avec une visite de Villeréal et Monflanquin, villes nouvelles (dites bastides) du Moyen-Âge. Toujours des vieilles pierres, des colombages et des charpentes admirables avec des poteaux comme des troncs, qui nous contemplent depuis le 13ème siècle. Pour changer de l’ordinaire, je faisais le plein de bière artisanale à la brasserie In Taberna.
Un peu de blé, pas mal d’avoine
Laëtitia prît part à l’aventure, mais son devoir l’appela pour la première fois auprès de trois travailleurs au corps meurtri et aux nerfs pelotés que notre flyer vantant les mérites du massage à domicile thaï, californien, suédois et gascon avait émus. Un léger accès de trac, mais ces premières séances se déroulèrent très bien, avec des retours positifs. Et un peu de blé qui rentre!
Je profitais moi aussi d’un intermède en me rendant au siège du Biau Germe, indispensable regroupement de producteurs de semence bio à Montpezat (livre la France entière). J’y retrouvais Damien qui me fit visiter le chantier paille d’un nouveau bâtiment, car je voulais constater quelques solutions techniques en vue de l’aménagement du gîte rural. Je repartais avec 10kg d’un mélange vesce-avoine que je comptais notamment semer à l’emplacement de nos tunnels de culture avant les pluies d’automne.
Semé par la mécanique
Dans cette optique, j’avançais le rutilant motoculteur, tout juste revenu du garage, et je commençais à passer le rotavator (ou sarclo-fraise, qu’importe) dans une terre débarrassée de ses orties et de sa vigne vierge par nos précédents hôtes à la ferme, pour affiner la terre et accélérer un peu la formation d’un lit de semence, puis installer un engrais vert à l’emplacement d’un futur jardin de plantes aromatiques. Hélas, trois fois hélas, le moteur fît des siennes. Ça pétaradait, ça toussait, ça ne tirait pas. À la fin, ça ne pétaradait même plus du tout et je décidai de remettre à la semaine prochaine l’achat d’une bougie neuve, le décrassage éventuel des gicleurs du carburateur (quel pied d’écrire ce genre de trucs), et mon semis d’engrais vert d’automne. Pour semer, la pluie reviendra. Pour nous planter, on comptera toujours sur la mécanique.