Houblon cascade, une espèce de cône

Houblon cascade bio - Ferme de Videau

Ce pied de houblon cascade est issu d’une bouture plantée l’an dernier dans un jardin de Montreuil (Seine Saint Denis). Je l’ai déraciné en mars dernier et transporté ici, en Seine et Marne, en me frottant d’avance les mains à l’idée de faire entrer sa récolte dans la composition de la bière que je brasse à l’occasion.

À propos du houblon: cette plante est principalement utilisée dans la fabrication de la bière. Les «cônes» du houblon, qu’on appelle volontiers mais improprement fleurs, donnent l’amertume à la bière au cours de la phase d’ébullition. On achète généralement le houblon sous forme de cônes séchés ou de pellets (une version hachée et compressée des cônes séchés, plus concentrée). Il est impossible, à ma connaissance, de se procurer des cônes frais, juste récoltés, pour d’évidentes raisons de conservation.

Or, le houblon présente un autre intérêt: à condition de lui éviter une ébullition prolongée qui détruirait ses essences aromatiques, on peut exploiter la plante pour enrichir la bière en notes florales, fruitées, épicées ou parfois terreuses. La méthode dite de houblonnage à cru consistant même à faire macérer les cônes dans le breuvage déjà fermenté et parfaitement refroidi.

Sophistication supplémentaire, donc, et re-frottage de mains: un houblonnage à cru avec des cônes de houblon encore frais serait enfin à portée de chopine, car cette année, à l’issue d’un repiquage propre, d’un travail de la terre honnête, d’un paillage raisonnable et d’un apport de compost bien mûr au milieu de l’été,  voilà que de nombreux cônes font leur apparition et s’épanouissent comme s’ils étaient sur la côte Ouest des États-Unis, d’où la variété cascade est originaire. Profil aromatique (comme on dit): agrumes, résine.

À suivre à l’issue de la récolte.

Avec la crise, le concombre se serre la ceinture

Anomalie concombre - Ferme de Videau

Gorgés d’eau, les concombres croissent comme de gros bébés joufflus. Mais la photo ci-dessus nous rappelle que sur la scène du maraîchage se jouent souvent de drôles de drames et que les légumes restent des invertébrés, au physique plutôt malléable. En cas de crise, ils peuvent donc se serrer la ceinture, et troquer le physique du sumo contre celui du bodybuilder.

Cette capacité à supporter l’austérité n’a pas manqué de donner des idées à quelques maraîchers entreprenants, tels ceux de la préfecture de Kagawa, au Japon, qui ont mis au point des pastèques cubiques.

Le fonctionnement est simple: les jeunes fruits sont enfermés dans des moules, et grandissent jusqu’aux limites de celui-ci. C’était déjà gonflé, mais voilà qu’ont débarqué les pastèques en forme de cœur, puis les concombres en forme d’étoile. Pour ces derniers on trouve des moules en plastique dans le commerce (à des prix prohibitifs), mais j’en ai quand même dessiné le principe ci-dessous.

Car ce régime de privation, cette croissance étriquée, offre paradoxalement d’intéressants débouchés. Un juteux marché, même. Le serrage de ceinture des légumes, c’est chic. Les pastèques sculptées japonaises, par exemple, s’arrachent autour de $100 pièce dans les boutiques branchées de Tokyo.

Une idée à dégrossir.

Mon jardin maraîcher vu d’avion

Hélas non, je n’ai toujours pas le brevet de pilote. Comme en plus les logiciels de 3D me laissent froid, j’ai dessiné à la main, de mémoire, le plan de jardin maraîcher en biodynamie où je travaille, tel qu’il se présente en juillet 2015.

En tout, une poignée d’hectares, lesquels représentent plusieurs kilomètres à pied tous les jours, une grande diversité et même quelques arbres fruitiers.

Puisque les saisons passent et qu’on pratique ici la rotation des cultures, les espèces notées sur mon plan auront changé au printemps.

Plan jardin maraicher vu d'avion - Ferme de Videau

Espèce de parthénocarpe

Courgettes pointues - Ferme de Videau

La fleur femelle de la courgette est celle qui donne naissance au fruit. Auparavant, elle doit avoir été fécondée par l’intermédiaire naturel de la pollinisation: la fleur reçoit la visite d’une abeille ou d’un autre insecte, laquelle s’est auparavant posée sur une ou plusieurs fleurs mâles.

Il arrive cependant fréquemment que des fleurs femelles non fécondées accouchent tout de même d’un rejeton. Ce phénomène peut s’avérer intéressant à plusieurs égards. Le fruit obtenu, appelé parthénocarpe, ne contient pas de graine et plaira davantage, par exemple, aux amateurs d’oranges et de bananes.

Dans le cas de la courgette, hélas, le fruit parthénocarpe jaunira rapidement avant de pourrir. Heureusement, son extrémité en forme de pointe le rend aisément reconnaissable, et on pourra escamoter l’avorton (cf. photo), pour laisser la place à d’autres fruits dépourvus de nom d’oiseau.

J’ose le jardinage au féminin

Ma collègue Pascale m’a prêté cette petite merveille. Puisque je débute dans le jardinage, j’ai immédiatement pensé qu’un livre qui s’adresse aux femmes me permettrait de commencer en douceur, n’est-ce pas?

«Dans toutes les sociétés paysannes, ce sont les femmes qui s’occupent de jardinage. La grosse culture est réservée aux hommes».

Ainsi débute l’ouvrage, lequel était offert avec un baril de lessive Skip. Évidemment, vous l’aurez compris, ça date un peu.

Ma collègue Pascale, qui n’a rien d’une débutante, semble pourtant tenir Le jardinage au féminin en grande estime, et pour cause: copieux et richement illustré, ce guide est une vraie mine d’or. Certes tourné de façon à convenir aux amateurs, mais dont les recettes universelles ont cours chez les professionnels.

Pleins de trucs et de gestes essentiels (faire son compost, amender le sol, arroser, biner, bouturer, tailler les framboisiers, construire une rocaille, un bassin pour les plantes aquatiques, etc.) qu’on est content de voir réunis dans un seul volume sous forme d’illustrations, des illustrations à l’innocence et la simplicité charmantes, mais à l’efficacité redoutable.

Bref, j’ai appris plein de choses, mais il en reste tant que j’envisage de numériser le tout pour m’en faire un pense-bête avant de le rendre à sa propriétaire. Et je reste bouche bée devant le travail et le talent déployés par Christiane Neuville, qui semble avoir mené toute seule la réalisation de ce super bouquin. Ça aussi, c’est d’époque.