Michel le maraîcher a construit une bien étrange cabane. Une nouveauté dans le paysage Seine-et-Marnais. Une nouveauté éphémère, cependant, qui se moque des permis de construire, et pour cause: à partir d’un unique conteneur maritime, une grande boîte en ferraille de 20 pieds dénichée sur Le Bon coin et posée dans un recoin de la ferme, le bonhomme a réalisé une chambre de stockage pour légumes. En l’occurrence, des courges.
La récolte annuelle de ces cucurbitacées est conséquente et se vend au compte-goutte: courge spaghetti, musquée de Provence, sucrine du Berry, butternut, pleine de Naples, longue de Nice, patidou, potimarron… doivent pouvoir se conserver jusqu’au printemps.
Première difficulté: les courges, légumes joufflus, sont aussi de délicats petits êtres qui craignent les chocs. Pas question, donc, de les empiler façon patates dans un palox de 600kg. Chez Michel, le stockage des courges se fait sur des étagères, en rang d’oignons, pour réduire au minimum la pression sur leur enveloppe. On essaie de les espacer: si l’une d’elle venait à pourrir, la transmission de ses miasmes en serait limitée.
Surtout, en plus de réclamer de la place, les courges ont besoin de chaleur et d’une bonne aération. Quand la conservation des légumes se fait souvent dans un froid relativement humide, on préférera ici un climat chaud et sec.
L’idée de Michel est diablement simple, et je ne pouvais pas manquer d’en réaliser un écorché. L’isolation du conteneur est assurée par une paroi de ballots de paille, à son tour recouverte d’une bâche plastique pour l’étanchéité.
L’air est renouvelé depuis le sas d’entrée par un extracteur d’air (VMC, pour Ventilation Électrique Contrôlée) et la pièce de stockage, avec ses rayonnages pour recevoir la récolte, est chauffée par convecteur électrique.
Je l’ai dit plus haut: une telle installation ne nécessite aucun permis de construire, puisque l’ensemble peut être démonté en un tour de main (ou presque). Mais qui s’en soucie? La cabane de Michel a encore de beaux courants d’air devant elle.