Semaine du 22 au 28 octobre 2018
Je ne développerai pas les dernières péripéties relatives au motoculteur Goldoni, dont le capot a été souvent relevé cette semaine. Quatre changement de bougies neuves plus tard, le réparateur n’a pu poser qu’un diagnostic provisoire, et mène son enquête. Je fis de même sur mon forum préféré, sans grand succès. Mais quelques dizaines de minutes de fonctionnement normal de ma machine, suivi d’un passage de croc, ont enfin permis de semer en mélange vesce-avoine une partie du jardin juste avant la pluie, notre voisin Garonnais ayant raccourci le planning engrais vert en ce qui concerne les futurs tunnels de culture avec un rototiller derrière son tracteur.
Le Certiphyto sans danger
En début de semaine, je filais à Agen pour y passer le Certificat individuel de produits phytopharmaceutiques (Certiphyto): deux jours de formation autour de la réglementation sur les insecticides, pesticides, désherbants et autres fongiques à l’issue desquels mes camarades candidats et moi-même devions décrocher la moyenne à un QCM de 30 questions. Vous vous posez probablement la question suivante: «pourquoi faire, le Certiphyto en agriculture bio?». Et je vous répondrais qu’à moins de se limiter aux préparations naturelles maison tels que purins, décoctions (de prêle, que j’utilise) et autres préparats du compost (biodynamiques), le bio n’est pas forcément synonyme de zéro phyto (voir les solutions à base de cuivre et de souffre, les anti-limaces, bacilles tueurs, pyrèthre concentré…) et que ce certificat reste obligatoire pour l’achat de gros conditionnements de ces produits. La familiarisation avec la classification en terme de risque et les bons gestes de protection n’est pas seulement utile qu’aux conventionnels (certaines substances naturelles ne sont pas inoffensives, et nous avons tous des produits dangereux sur nos fermes: carburant, acide, solvant…). Et surtout, ces connaissances sont autant d’arguments dans la critique d’un système basé sur le pétrole, la chimie et les OGM. Car dans cette formation, il a aussi été question des alternatives aux traitements (désherbage mécanique, lutte biologique, recours aux auxiliaires, aux rotations…) et des inconvénients de la méthode conventionnelle: développement de résistances, pollution, effondrement de la biodiversité, graves problèmes de santé… Bref, je glanais pas mal d’info pendant ce bachotage intensif. Taux de réussite du groupe: 100%.
Pétrir, un gagne-pain?
Pendant ce temps, Laëtitia faisait un peu de ménage au jardin, rentrait du bois en prévision de la toute première flambée de l’année (qui eut lieu jeudi), et en tant que masseuse bien-être à domicile pétrissait à nouveau un costaud dont elle aurait été incapable de faire le tour avec les bras. Et reprenait la distribution de ses flyers jusqu’à Villeneuve-sur-Lot (30km), parce qu’un ou deux clients costauds par semaine, ce n’est pas encore un gagne-pain. À mon retour, j’expédiai un devis pour la refonte du site web d’un parcours de golf voisin, puis je mettais la touche finale à une boutique en ligne d’instruments de musique zen. Voilà qui détend. Moins que l’affiche du loto de novembre issue d’un difficile consensus du comité des fêtes, que vous pourrez bientôt admirer sur papier fluo au bord de vos départementales à condition de vous approcher un peu de Villebramar.
Faits divers d’automne
Côté tunnels, et l’installation des piquets terminée, je me rendais chez Garonnais (encore lui!) pour y charger le reste du matériel; arceaux métalliques, clips, chaînes, ficelles… Soudain, j’assistais horrifié à un presque fait divers: mon ancien rugbyman de voisin faisant la culbute dans le fossé au volant d’un Manitou de 3 tonnes chargé d’arceaux pour cause de rosée du matin. Garonnais, qui mérite d’être sanctifié de son vivant pour les services rendus à la Ferme de Videau, faillit l’être à titre posthume. Ce grand gaillard fut certes sauvé par la cabine de l’engin, mais il s’en tirait avec un gros bleu là où n’importe quel gringalet dans mon genre eut été brisé en menus morceaux. Garonnais, c’est un roc. Nous appelâmes Pépito, un autre fameux personnage, à la rescousse pour relever l’engin, et celui-ci nous gratifia d’un vrai fait divers, cette fois: «l’affaire des Cinq de Monbahus» (le village voisin), laquelle défraya la chronique en 1921 après qu’un couple de vieux paysans fut sauvagement assassiné pour une somme dérisoire. Les coupables échappèrent à la guillotine mais finirent leurs jours en détention.
Borné sur le carbone
Les arceaux de serre rendus à bon port, Garonnais eut pitié de nous qui aménageons depuis le début de notre installation, dès que le planning nous le permet, des buttes de culture avec des outils à main: bio-fourche, pelle, houe. Cette méthode, décrite par Jean-Martin Fortier, permet de s’affranchir de la largeur standard des outils tractés (autour d’1,20m) pour des dimensions plus raisonnables mais avec une densité de plantation plus élevée et d’éviter au maximum le passage d’engins lourds qui compactent le sol. Bien sûr, le bilan carbone n’est pas comparable… le temps de travail non plus. Je passais donc pour un type borné en ne sollicitant pas d’aide mécanique et en mobilisant ma compagne dans ce travail de forçat, mais je ne refusais finalement pas les services de notre voisin quand il débarqua sans prévenir en tracteur avec une buteuse de 80cm de large, et tripla en quelques minutes notre surface cultivable.
Cent ans de postérité
Samedi, j’assistais le maçon Arlindo venu pour étayer, puis redresser un des poteaux de la grange, avant de remplacer l’ancien soubassement par un nouveau plot béton bien ancré. Le porche de la grange peut bien tenir encore cent ans! De son côté, Laëtitia reçut une aide désintéressée en la personne de Bruno de la Maison Forte, et le chantier isolation sous rampants en laine de bois put reprendre. Je rappelle que Bruno est un des deux copains qui nous ont soufflé l’idée de ce blog, sans doute histoire que leur prénom passe à postérité à coup d’occurrence dans les moteurs de recherche. Ce qui est chose possible. Pensez à revenir souvent, hein. Ce journal est aussi le votre, et on ne manque pas de chantiers participatifs!